Yves et la Sainte Famille

Vitrail de l’église de Louannec: Saint Yves sut ouvrir le manoir de Kermartin en Minihy-Tréguier, maison de famille de la famille Hélory, à tous les pauvres dont il se faisait ainsi concrètement le frère en Christ.

Vitrail de l’église de Louannec*

Il est intéressant en ces jours de fête où nous contemplons la Sainte Famille de tirer quelques enseignements de la vie familiale de saint Yves pour comprendre le rôle fondamental d’une famille dans l’éclosion des talents de ses différents membres.

Les parents d’Yves étaient de petite noblesse. Son père Hélor (d’où le nom de Hélory de Kermartin) était écuyer; son grand père, Trancoët, participa aux croisades, aux côtés de saint Louis; sa mère Azou était de la famille de Quenquis en Pommerit-Jaudy. On dit qu’un jour le petit Yves lui ait demandé comment il pouvait lui plaire et qu’elle lui ait répondu : « Agissez en toutes choses de manière à devenir un saint. »

Assez tôt Yves a manifesté des capacités intellectuelles qui ont incité ses parents à accepter son désir d’entreprendre des études. Comme tout fils aîné, il aurait dû se consacrer à la carrière des armes, mais ses aptitudes intellectuelles et son goût pour les lettres ont conduit ses parents à ne pas contraindre leur fils à embrasser la carrière militaire et à renoncer au projet qu’ils formaient pour lui.

Ce faisant, les parents d’Yves répondaient très exactement à leur mission de parents : permettre que leurs enfants accomplissent leur propre vocation, nonobstant leur propre désir et leur propre rêve, et en osant s’affranchir des codes sociaux que les hommes mettent en place et qui peuvent ne pas correspondre à la volonté de Dieu. Car Dieu veut, comme le veulent normalement tous les parents, le bonheur de chacun de Ses enfants. Mais à la différence des parents de cette terre, Il ne peut Se tromper ni quant au but à poursuivre, ni quant aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.

En réalité, la famille est l’école voulue par Lui pour y apprendre naturellement la vie en communauté. De fait, le but de la famille n’est pas de se fermer sur son petit bonheur égoïste … ou sur ses problèmes, lesquels peuvent être très graves et douloureux. La famille nous apprend comment construire notre propre bonheur en répandant généreusement l’amour autour de nous. La famille est l’école de la charité, du pardon, du partage, de la patience, de la confiance, du respect de l’autre, du don de soi, jusqu’à parfois devoir se sacrifier soi-même pour ceux que nous aimons. Ainsi, la famille permet à chacun de ses membres de porter ses plus beaux fruits.

Évidemment, il est plus facile de commencer cet apprentissage avec les personnes que nous aimons naturellement : les membres de notre famille. Cependant l’objectif ultime de la famille est de nous apprendre à agir de la même manière avec tous ceux que nous rencontrons, parce que nous ne constituons qu’une seule et même famille humaine, étant tous fils et filles du même Père qui est aux Cieux. Ce processus est merveilleusement résumé par saint Paul lorsqu’il nous invite à nous « supporter les uns les autres ». Car cela signifie que nous devons d’une part nous aider à développer nos talents et nos qualités, tout comme nous devons, d’autre part, nous accepter les uns les autres avec nos défauts et nos limites.

Ayant accepté de nous laisser ainsi formés et instruire nous permettrons que toutes les communautés humaines auxquelles nous serons par la suite appelés à appartenir  – villageoise ou citadine, nationale ou régionale, religieuse ou professionnelle, scolaire ou sportive… –  puisse accomplir sa véritable vocation : permettre à chacun de porter ses plus beaux fruits.

* Vitrail de l’église de Louannec: Saint Yves sut ouvrir le manoir de Kermartin en Minihy-Tréguier, maison de famille de la famille Hélory, à tous les pauvres dont il se faisait ainsi concrètement le frère en Christ.